Immobilier : les Français ont de plus en plus de difficultés pour vendre leur bien

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prix immobilier evolution 2023

Entre la hausse des prix que les vendeurs refusent d’admettre, la hausse des taux immobilier qui contrarient le budget des acheteurs et des réglementations strictes qui interdisent certains ménages ; Le marché commence à montrer des signes de ralentissement.

« On ne veut pas non plus brader« . De nombreux propriétaires peinent à vendre leur maison en raison d’un marché en berne. À 66 ans, Fabricia Lasne et son mari cherchent un acheteur pour leur maison de 200 mètres carrés près de Saint-Gilles-Croix-de-Vie (Vendée), qu’ils souhaitent quitter pour un logement plus petit et plus facile à entretenir. L’annonce est sur le marché depuis un an et ils n’ont eu aucune demande. « Les gens qui viennent visiter sont en majorité des personnes âgées. Ils trouvent la maison très belle, le jardin impeccable, mais c’est la superficie qui les dérange, pour l’entretien quotidien« , explique Fabricia. « Il y a des jours où le moral est bien bas.« .

Problème similaire pour Odile et Jacques, le couple de retraités qui depuis un an et demi tente de vendre leur maison de famille située dans le Périgord pour se rapprocher de leurs enfants en région parisienne. Là encore, il y a eu des visites, mais aucune offre pour la propriété de 230 mètres carrés qui était proposée à la vente au prix de 519.000 euros, frais d’agence inclus.

« Si, une qui faisait une négociation à moins 70.000 euros. Donc on a dit non tout de suite ! » confie Odile.

« On ne veut pas non plus brader ce bien, et plutôt attendre quelques mois pour voir comment le marché va réagir« , explique son mari en reconnaissant que « le marché n’est tout de même pas très florissant« .

« Les discussions portent sur beaucoup de détails« 

Après des années de hausse régulière, les prix de l’immobilier en 2023 commencent à ralentir, voire à diminuer dans certaines régions, comme la région parisienne. La hausse des taux d’intérêt, associée à la réglementation sur le taux d’usure qui interdit aux banques de prêter au-delà du montant de la dette à rembourser, est une raison majeure qui exclut les acheteurs du marché. Au final, ils sont plus enclins à négocier avant de signer.

« Les délais et les négociations sont plus longs, les discussions portent sur beaucoup de détails et les vendeurs sont restés sur une estimation immobilière qui date un peu« , indique à l’AFP Elodie Fremont, présidente de la commission des statistiques réelles des notaires du Grand Paris. « Entre le moment où le vendeur prend conscience que le prix est décalé par rapport au marché et celui où il l’ajuste, cela prend du temps » Il est aussi la présidence de Century 21 France, Charles Marinakis.

Sur la base de son réseau d’agents En Ile-de-France, le délai entre l’annonce d’une annonce et la signature d’un contrat de vente a augmenté de deux jours pour les maisons et de six jours pour les appartements. Il y a clairement plus de temps que cela à Paris et dans sa plus petite couronne. « Il y a de l’attentisme côté acquéreurs, et du coup ça se répercute sur les vendeurs » affirme Romain Gonzalez directeur de l’agence Guy Hoquet à Issy -Les-Moulineaux. « On a beau anticiper depuis août, en leur disant que ça va baisser, tant que ça n’est pas figé, écrit partout, ça ne baisse pas« , dit-il.

« L’effet passoires thermiques, on l’a vu énormément sur les petites surfaces, studios, deux-pièces »

« Pour les appartements avec défauts, les rez-de-chaussée qui donnent sur la rue, exposés au Nord… les délais s’allongent et les baisses de prix se font au fur et à mesure« , indique également Sandrine Lucas directrice de l’agence Guy Hoquet à Suresnes. À cela s’ajoutent les règles concernant les appartements thermiques, dont les experts craignent qu’elles ne fassent baisser le coût des biens en question.

Depuis le 1er janvier en France métropolitaine, les logements qui consomment plus de 450 kilowatts par mètre carré ne sont pas autorisés à être loués. Tous les biens qui portent la mention G pour indiquer leur efficacité énergétique doivent se mettre en conformité en 2025, puis avant d’atteindre la mention F en 2028, et enfin la mention E en 2034. « L’effet passoires thermiques, on l’a vu énormément sur les petites surfaces, studios, deux-pièces » et plus souvent, dédiés à la location, explique Elodie Fremont. La tendance qu’elle a observée concerne également les maisons. « Les gens sont regardants sur l’économie énergétique« , dit-elle. Cependant, les prix des éléments qui nécessitent des travaux tardent à baisser. « Les vendeurs, à date, ne sont pas encore disposés à défalquer ce coût du prix de vente » selon Charles Marinakis.